La méthanisation, nouvelle source d’énergie
L’Union Européenne se fixe pour objectif une part d’au moins 27 % d’énergies renouvelables dans sa consommation énergétique d’ici à 2030. Cet objectif est d’autant plus important dans le contexte actuel, compte tenu de la crise ukrainienne, et de la volonté de renforcer l’autonomie énergétique de l’Europe.
Dans cette optique, l’U.E. participe, via des aides, au développement de la filière méthanisation, qui permet de produire du biogaz.
Largement en retard sur l’Allemagne et ses 11 000 installations, la France compte actuellement 1 000 méthaniseurs, produisant moins d’1 % de la consommation nationale, mais devrait connaitre une expansion puisqu’un objectif de 10 % de biogaz circulant dans les réseaux est fixé pour l’horizon 2030.
Principe de fonctionnement et intérêt
La méthanisation est obtenue par la fermentation dans une cuve de matières organiques appelées intrants : matières agricoles animales et végétales, déchets, boues de station d’épuration…
Cette fermentation conduit à la formation, d’une part d’un biogaz, qui a les mêmes propriétés que le gaz naturel, et d’autre part d’un digestat, résidu organique pouvant être valorisé comme fertilisant après traitement.
Les avantages de la méthanisation sont multiples : on limite ainsi l’enfouissement, le dépôt en décharge et l’incinération, et on stabilise les boues de stations d’épuration. De plus on valorise les déchets en circuit court, en produisant une énergie peu carbonée.
Inconvénients techniques
La méthanisation peut également comporter des inconvénients : les protestations les plus récurrentes invoquent les nuisances olfactives, malgré des distances réglementaires entre les méthaniseurs et les zones habitées.
Les riverains s’inquiètent également de fuites potentielles, car des risques de contamination des eaux potables existent. De plus, l’épandage des digestats sur des sols inadaptés peut impacter les nappes phréatiques. Le contrôle des pratiques est donc indispensable.
Une ressource à gérer
D’autres inconvénients proviennent par ailleurs du type de système mis en place pour exploiter cette énergie. Certaines installations sont approvisionnées par camions depuis des dizaines de kilomètres afin de maintenir la production ; elles risquent également d’inciter les agriculteurs à abandonner les cultures alimentaires traditionnelles, au profit de cultures à vocation énergétique, plus rentables que l’alimentaire.
En Allemagne, c’est un véritable problème, avec presque 7 % de surface agricole accaparée. Actuellement en France, des politiques limitent ces pratiques, en interdisant par exemple d’utiliser comme intrant plus de 15 % de culture à vocation énergétique. Cependant ces lois entreront bientôt en conflit avec les objectifs de 100 % de gaz renouvelables pour 2050, car les déchets méthanisables seuls ne permettront pas de les atteindre.
Conclusion
La méthanisation peut représenter un outil très intéressant dans le cadre d’une politique de développement local, pour rendre de petites installations agricoles autonomes – voire positives énergétiquement – et ainsi créer de véritables circuits courts.
Mais la méthanisation présente aussi le risque de devenir une ressource surexploitée perdant sa qualité renouvelable, car alimentée non plus par des biodéchets en circuit court mais par des intrants produits spécifiquement et acheminés sur de longues distances.