Selon les articles 73 et 75 de la loi relative à la transition énergétique et à la croissance verte (LTECV), la vaisselle en plastique à usage unique est censée disparaître de la circulation en 2020. La vaisselle jetable en plastique devra alors être biosourcée à 50 %, c’est-à-dire qu’elle devra être composée pour moitié d’amidon de maïs, de pommes de terre, ou encore de bois. Cette proportion devra passer à 60 % en 2025.

De plus, la vaisselle devra être compostable domestiquement (dégradable en une année dans un compost).

Cependant, la loi n’interdit pas l’ensemble des usages : seule la vaisselle jetable 100 % en plastique, flûtes à champagne et tasses sera interdite. Les produits en carton papier avec une fine couche de plastique, nécessaire à leur étanchéité, eux, seront toujours autorisés. De même que les couverts en plastique, les gobelets (fontaines à eau, restauration, machine à café…) et les assiettes qui sont considérés comme des emballages.
 

Une interdiction progressive du plastique non biosourcé à usage unique

Cette interdiction s’ajoutera à celle déjà mise en place depuis le 1er janvier 2017, qui oblige les commerçants à utiliser des sacs en papier ou en plastique biosourcé et compostable domestiquement pour la pesée des fruits et légumes, fromages à la coupe, viandes ou encore poissons. Les sacs plastiques constituent en effet une menace directe pour les écosystèmes, particulièrement marins, puisque 75% des déchets en mer sont en plastique, impactant grandement la faune (tortues, oiseaux marins…). Le ministère de l’Ecologie chiffre pour sa part à 17 milliards le nombre de sacs plastiques à usage unique consommés en France en 2014 et à 8 milliards ceux abandonnés dans la nature en Europe chaque année. Ces mesures prises par le gouvernement poussent ainsi les commerçants à s’orienter notamment vers les plastiques biodégradables.
 

Bioplastiques et plastiques biodégradables

Avant toute chose, il est nécessaire de définir ce que sont les bioplastiques. Ils regroupent :

  • Les plastiques biodégradables, c’est-à-dire décomposables en compost domestique ou sous l’action de micro-organismes (compost industriel).
  • Les plastiques biosourcés, c’est-à-dire partiellement ou totalement issus de la biomasse, comme le PLA. Attention, ces plastiques peuvent ne pas être biodégradables, comme le polyéthylène téréphtalate (PET) ou le polyéthylène (PE) pouvant être issus de l’amidon.

 

Les bioplastiques sont-ils réellement des plastiques « verts » ?

Bien qu’à première vue, les mesures votées par le gouvernement soient justifiées, il est également nécessaire de s’interroger sur le réel impact environnemental des plastiques biodégradables. Plusieurs problèmes peuvent alors être soulevés.

Tout d’abord, des analyses en cycle de vie, effectuées par l’ADEME en partenariat avec Eco-Emballages, ont mis en évidence des bilans nuancés : à masse équivalente, par exemple, certains emballages biosourcés et biodégradables peuvent présenter un impact carbone défavorable face au PE ou PET (pétrosourcé). De plus, le scénario actuel de traitement des déchets contribue assez peu au bilan environnemental des emballages sur leur cycle de vie car seul 5% des emballages suivent une filière de compostage. Par ailleurs, à l’heure actuelle, la valorisation énergétique semble être la filière de traitement la plus adaptée d’un point de vue environnemental pour ces polymères.

A cela s’ajoute une confusion auprès du consommateur, pensant que tout plastique biodégradable peut se composter domestiquement alors qu’une partie de ces plastiques ne peuvent se composter qu’industriellement, dans des conditions de dégradation bien spécifiques.

De plus, l’usager ne pouvant faire la distinction entre ces matériaux lors du tri, cette confusion peut également impacter le recyclage des plastiques comme le PE ou le PET. Une collecte ou un tri spécifique efficace doivent donc être mis en place afin de séparer ces plastiques innovants des autres flux pour les diriger vers les filières de valorisation appropriées et de s’assurer qu’ils ne perturbent pas les filières de recyclage en place.

Un autre problème de ces plastiques pour les commerçants est leurs coûts de production : moins de 0,9€/kg pour le PE pétrosourcé contre en moyenne 3€/kg pour le PLA. Qui plus est, le devenir et l’impact des composants du plastique biodégradable autres que le polymère (additifs, plastifiants et charges) sont aujourd’hui mal connus.
 

De nouvelles législations, poussant à des progrès environnementaux, mais avec des impacts non nuls

A ces questionnements sur les plastiques biodégradables s’ajoutent ceux soulevés par la législation. En effet, aujourd’hui, lorsqu’un client n’a pas de sacs, il achète alors un sac plastique réutilisable (de plus de 50 µm d’épaisseur) ou un sac cabas. Malgré l’incitation à la réduction faite par la facturation de ces sacs, certains consommateurs gardent le même comportement et les jettent après usage. Or, jeter un sac en plastique plus épais créé bien évidemment une quantité de déchets plus importante que de jeter un sac mince. Et l’analyse de cycle de vie relève une certaine incohérence si le comportement des consommateurs ne change pas, comme le souligne une étude récente de Recyc-Québec, association canadienne de l’industrie du plastique.

Au vu de ces arguments, la nouvelle législation et le recours aux plastiques biodégradables domestiquement et biosourcés ne semblent pas être une solution parfaite, même si leur utilisation peut limiter l’impact des abandons de sacs plastiques non-biodégradables sur l’environnement. Afin de limiter ces inconvénients, l’ADEME préconise une meilleure communication auprès des consommateurs, avec un marquage indiquant quels plastiques peuvent être utilisés pour le compostage domestique, les références de la norme en vigueur, et rappelant que ceux-ci ne doivent pas être abandonnés dans la nature. Le recours à des bioplastiques de 2e génération (issus de ressources non vivrières) serait potentiellement une alternative, mais la meilleure solution à adopter reste la philosophie des 5 ‘Règles’: refuser (les sacs à usage unique), réduire, réutiliser, recycler et composter. (Transposition des 5 R en anglais : « Recycle, Reduce, Rethink, Reuse and Recreate »)

(Rédacteur Jean-Baptiste Le Menn)

 

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