La compensation carbone est de plus en plus utilisée et médiatisée par les entreprises ou les collectivités dans le cadre de leur stratégie climat, ou même par les particuliers souhaitant réduire leur empreinte carbone. Mais que signifie vraiment « compenser ses émissions » ?

Qu’est-ce que la « compensation carbone » ?

L’idée d’une forme de compensation aux émissions de gaz à effet de serre (GES) est apparue vers la fin des années 80. Il s’agit de contrebalancer ses émissions carbone par des mesures financières ou techniques visant à séquestrer un volume de carbone équivalent aux émissions, ou parfois à éviter son émission ailleurs. L’idée est que l’émission d’une tonne de CO2 en un lieu pourrait être annulée par la séquestration ou la non-émission d’une tonne de CO2 ailleurs.

Quelques règles de comptabilité carbone :

En premier lieu, il faut bien faire la distinction entre réduire et « compenser » ses émissions de GES.

En matière de comptabilité carbone, ce qui est émis est émis. Pour l’élimination d’une grosse moitié du surplus de COcréé, il faut compter environ 100 ans. Ainsi une molécule de CO2 émise contribuera pendant bien plus de 100 ans au réchauffement climatique.

Pour réduire son émission globale, trois axes d’action existent : réduire ses émissions, réduire celle des autres ou augmenter les puits de carbone.

Il est important de commencer par réduire ses propres émissions. Pour cela, il convient d’identifier les gaz à effet de serre émis au quotidien, puis de trouver des leviers pour les réduire. (Les particuliers peuvent utiliser des sites internet dédiés à ça[i], et les organisations peuvent développer des compétences internes ou faire appel à des prestataires).

Tandis que la « compensation carbone » va permettre de réduire les émissions des autres (en évitant des émissions[ii]) ou de créer des puits de carbone. Cette compensation doit être perçu comme une solution de dernier recours. En effet, compenser ses émissions permet d’agir sur les émissions que nous ne sommes pas capables d’éviter ou de réduire.

Comment est réalisée la compensation carbone ?

Il existe plusieurs façons de compenser ses émissions. Voici quelques exemples :

  • Participer à des projets qui contribuent à la séquestration: lutte contre la déforestation, reforestation et reboisement…
  • Financer des projets qui évitent des émissions ailleurs: aide au développement des énergies décarbonées et durables, aide à la réduction des consommations d’énergie…

Les projets sont montés par des opérateurs qui en garantissent la qualité. L’utilisation du terme « compensation carbone » est liée au respect de quatre grands critères[iii]:

  • La mesurabilité: les émissions de GES évitées ou séquestrées doivent être comptabilisées sur la base d’une méthodologie. Elle est approuvée par un tiers indépendant.
  • La vérifiabilité: un auditeur indépendant vérifie annuellement les économies de GES réalisées sur le projet.
  • La permanence: les émissions de GES doivent être évitées ou séquestrées pendant au moins 7 ans.
  • L’additionnalité: le projet doit permettre d’éviter ou de séquestrer des émissions de GES par rapport à une situation de référence. Le porteur du projet doit également prouver que sans le revenu issu de la vente des crédits carbone, son projet n’aurait pas pu être mis en œuvre.

Un sujet en débat : vraie ou fausse bonne idée ?

De nombreuses critiques ont vu le jour concernant ce concept. L’un des principaux problèmes est la légitimité du principe même de compensation : la compensation ne saurait exonérer de l’urgence de la réduction. En effet, il vaut mieux renoncer à voyager en avion que de compenser son voyage.

Par ailleurs, il faudrait aussi s’assurer que la séquestration est bien réelle et que les émissions produites d’un côté sont effectivement compensées d’un autre. Est-ce qu’un arbre planté pour compenser un vol en avion va le rester et pourra bien remplir sa mission ? Il est ainsi très difficile de dresser un bilan fiable sur l’efficacité et la durabilité de la compensation carbone.

Souvent controversée, cette compensation ne doit pas être vue comme l’opportunité de se dérober à nos obligations et responsabilités face à nos émissions de CO2. Pour diminuer réellement l’impact carbone, il vaut mieux s’attaquer à un changement de fond (habitudes, pratiques) que de continuer au même niveau d’émissions tout en compensant. Ainsi, la compensation carbone est une démarche à faire en complément de ses efforts de réduction de sa propre empreinte carbone.

Conclusion : une solution durable ?

Bien que « compenser ses émissions » contribue à la neutralité carbone et constitue un levier dans la lutte contre le réchauffement climatique, il est difficile d’envisager la compensation carbone comme une solution durable face au problème des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Finalement, parler de compensation induit en erreur, il faudrait mieux employer le terme de « contribution » à la neutralité carbone.

 

Fiches conseil :

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Communiqués :

 

 

[i] Il existe par exemple le simulateur Nos GEStes Climat développé par l’Ademe.

[ii] Les émissions évitées sont évaluées par rapport à un scénario de référence et sont donc subjectives : elles ne peuvent être soustraites à ce qui a été émis.

[iii] www.info-compensation-carbone.com